Petitcollin : Dernière fabrique française de poupées A l’atelier artisanal de fabrication d’articles de coiffure fondé à Etain par Nicolas Petitcollin vers 1860, succéda la première Société Petitcollin en janvier 1896. En 1900, les ateliers brûlèrent à la suite d’un violent orage et une nouvelle usine fut rapidement reconstruite. C’est à cette même époque que l’on commença à travailler le celluloïd dans la région d’Etain. En 1901, Gustave Petitcollin et un associé fondent la Société anonyme Petitcollin, qui, ayant pour but la fabrication de tout objet à base de celluloïd, produit des accessoires de coiffure.
Dès 1901, cette société va déposer pour la première fois la marque de la tête d’aigle. Cette tête d’aigle, devenue le symbole de la Maison Petitcollin, l’est toujours de nos jours.
On suppose qu’au plus tard en 1906 Petitcollin fabriquait déjà des jouets. En l’absence d’archives et de témoignages, les premiers jouets Petitcollin devaient être des balles et des hochets. Il semble que la fabrication des poupées ait démarré certainement courant 1912.
En 1914, l’usine est prospère, mais la guerre éclate. A l’Armistice de 1918, l’usine Petitcollin se trouve complètement détruite mais va renaître de ses cendres. Dès 1924, la production reprit à nouveau. Au long de l’entre-deux-guerres, la Société Petitcollin va devenir le fer de lance de l’industrie française du jouet. Entre 1924 et 1938 vont être réalisés les grands modèles de baigneurs en celluloïd, parmi lesquels le célèbre « Petit Colin » qui va devenir la première poupée destinée au plus grand nombre. Petitcollin, qui sera un des plus grands créateurs de baigneurs et de poupées, tant par la qualité que par la quantité, fut aussi l’un des principaux producteurs français de matières premières jusque dans les années cinquante, notamment de celluloïd. Le célèbre baigneur est toujours fabriqué à l’heure actuelle et détient certainement le record de longévité parmi les jouets sur le marché.
A la veille de la Seconde Guerre Mondiale, La Société Petitcollin avoisinait les cinq cents personnes. En 1939, la Seconde guerre mondiale éclate. Les ateliers d’Etain furent occupés, bombardés et finalement incendiés en 1944. Après l’Armistice de 1945, la fabrication reprend rapidement. En 1951, les usines et les ateliers d’Etain dépassent les six cent cinquante ouvriers et employés sans compter les salariés à domicile. La Compagnie du Celluloïd Petitcollin- Oyonnithe emploie plus de mille personnes à travers ses différentes usines.
le polyéthylène est soufflé à chaud dans des moules qui se déboîtent
Dès 1951 démarra à Etain la construction d’un nouvel atelier consacré à la fabrication d’objets en Acéloïd, puis en 1956, la première unité d’extrusion soufflage de polyéthylène était en route à Etain. Ce procédé est toujours utilisé à l’heure actuelle pour la fabrication des baigneurs et des poupées classiques. En 1960, l’interdiction de la commercialisation du celluloïd tomba finalement.
Avant l’assemblage des pièces, les bavures causées par la jointure
du moule sont enlevées, puis elles sont plus ou moins sablées suivant l’aspect désiré
Avec l ‘arrivée des résines de polyester, la Compagnie Petitcollin, qui avait décidé de spécialiser son usine d’Etain dans la fabrication d’objets en résine devint en 1961 le premier fabricant français de casques.
La poudre de vinyle est injectée dans des moules qui vont tourner sur deux axes
dans un four. Elle fond et se colle aux parois en un seul tenant. En 1961, une nouvelle étape technique dans la fabrication des jouets fut franchie. La compagnie maîtrisa rapidement un nouveau procédé (le roto-moulage) qui permet de fabriquer des pièces creuses en plastisol (vinyle), notamment des têtes et membres de poupées. En 1963, la compagnie Petitcollin rachète la Société Nobel Française (SNF) qui apportait dans la corbeille les déjà célèbres poupées du magazine Modes & travaux.
A la sortie du four, les moules sont refroidis avec un mélange d’eau et d’air pulvérisé,
et les pièces de vinyle encore chaudes et souples sont extirpées de leur enveloppe.Avant d’intégrer les moules, la poudre de vinyle est savamment dosée
de colorants suivant la teinte désirée ainsi qu’un additif à la vanille
A gauche, une tête encore tiède venant tout juste de sortir du four,
au milieu une tête en vinyle non coloré, à droite un moule en aluminiumpièces prêtes à l’assemblage
De plus de 700 salariés à Etain en 1950, Petitcollin n’en comptait plus que 400 environ vers la fin des années soixante. Les nouveaux modèles de poupées en polyéthylène ou en PVC, concurrencées par d’autres fabricants ne parvenaient plus à faire l’unanimité devant la clientèle, désormais courtisée par les fabricants étrangers, depuis la mise en place du marché commun.
La pose des yeux, à l’aide d’une machine à air comprimé
Mise en redressement judiciaire en octobre 1969, l’usine d’Etain fut mise en gérance par la Société Industrielle d’Applications Chimiques (SIDAC). Sur les 300 salariés de l’usine, seulement 120 furent conservés. En six mois, Petitcollin venait de connaître plus de 600 licenciements.
Une restructuration drastique fut entreprise. Entre 1971 et 1972, la production propre de jouets Petitcollin fut même complètement interrompue. En 1973, la SIDAC résilia son contrat de gérance. Le siège parisien de Petitcollin put reprendre la main sur l’unité stainoise continuer l’activité. Le jouet devint progressivement le parent pauvre de l’entreprise qui focalisa son attention autour des casques.
Les cheveux sont implantés avec une sorte de machine à coudre
dont l’utilisation demande une certaine dextérité !
En 1976, le secteur jouets fut pris en gérance libre par la Société du Jouet Petitcollin. En mars 1979, les salariés sauvent quatre-vingt deux emplois en reprenant les parts de l’entreprise à nouveau aux abois...
Le délicat maquillage de chaque poupée se fait
à l’aérographe ou au pinceau à l’aide de pochoirs Fin 1982, la Société du Jouet Petitcollin va, de nouveau, déposer le bilan. Les salariés refusent une nouvelle fois d’être les victimes et choisissent d’investir leurs primes de licenciement dans le capital de la nouvelle S.A.R.L. Petitcollin qui parvient à poursuivre son activité en se tournant vers le créneau des articles et figurines publicitaires, dont, les célèbres Bibendum qui trônaient fièrement au sommet des cabines de camions naissaient à Etain.
Fin 1994, le rideau tomba sur la plus ancienne usine de poupées françaises dans une indifférence quasi totale, bien qu’elle fut désormais la dernière fabrique de poupées à capitaux français.
A 400 kilomètres d’Etain, un industriel installé à Moirans en Montagne, capitale française du jouet, qui avait en une dizaine d’années à peine redonné vie à Vilac, vieille fabrique de jouets en bois créée en 1911, lança une bouée de sauvetage. Jouets Petitcollin fut créée en mars 1995. C'est désormais une filiale de Vilac S.A.S.
Petitcollin renouvelle chaque année la garde robe de ses poupées pour qu’elles soient toujours à la mode !
Les pièces à assembler sont coupées sur place à l’aide de presses et cousues par des couturières à domicile.
Les petits accessoires comme les chaussures sont fabriquées en Espagne ou en Chine.
Les poupées sont assemblées……Puis habillées, toutes prêtes pour la vente
Les poupées sont expédiées dans des magasins français, mais un grand nombre part à l’étranger,
notamment aux Etats-Unis où la marque Petitcollin a beaucoup de succès !
L’usine Petitcollin ne compte actuellement plus qu’une petite dizaine de salariés…
Petitcollin est à l’heure actuelle à la fois la plus ancienne et la dernière fabrique française de poupées encore en activité en France. L’usine Petitcollin est ouverte au public depuis 1998. A travers des visites commentées qui s’adressent à un public de tous âges et toutes origines, l’entreprise partage ainsi sa longue tradition de savoir-faire et son histoire sans équivalent. Un espace muséographique consacré à la marque, édifié par la Communauté de Communes du Pays d’Etain, a ouvert en septembre 2009.